La révolte verte chinoise

Le gouvernement de Pékin n'entend pas sacrifier son développement économique à la protection de l'environnement. Mais la Chine fait face à la première révolte populaire "verte". Les habitants de Xiamen, une ville portuaire très développée, ont réussi à s'opposer à la construction d'une usine chimique. Un projet d'investissement de plus d'un milliard d'euros a été temporairement suspendu en attendant "de nouvelles études environnementales".

C'est une grande première en Chine. Et cela est dû à la mobilisation sans précédent des habitants de Xiamen grâce aux SMS, aux forums internet et aux manifestations. Des SMS ont été envoyés par dizaines de milliers et portaient un message simple : "si cette usine chimique est construite, c'est comme si on installait une bombe atomique au cœur de notre ville. Les habitants de Xiamen vivront avec la leucémie et des bébés déformés. Nous voulons vivre, et nous voulons être en bonne santé."

Cette première "révolte verte" prend le gouvernement à revers. Même si les préoccupations environnementales sont bien plus présentes aujourd'hui en Chine qu'il y a seulement quelques années, elles ne sont pas la priorité. La Chine renvoie la responsabilité de la lutte contre les dérèglements climatiques aux pays industrialisés qui ont pollué quasiment tout seuls pendant le premier siècle de l'ère industrielle... Ce qui n'est évidemment pas faux.

La Chine, qui exclue les obligations du protocole de Kyoto en tant que pays en développement, risque de devenir cette année le premier émetteur de gaz à effet de serre au monde, dépassant les Etats-Unis. La Chine aura du mal à se défausser de ses nouvelles responsabilités, surtout si sa population demande des comptes à ce sujet. Et les chinois commencent à opérer une prise de conscience écolo après deux décennies d'industrialisation forcenée qui a ravagé l'environnement du pays.