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Un autre monde est possible...
10 août 2007

Pourquoi le bio est dans les choux !

Pourquoi 2 % seulement des surfaces agricoles françaises sont-elles consacrées à la bio ? Au début des années 80, nous étions pourtant les champions d'Europe, avec 40 % des surfaces agricoles bio de toute l'Union européenne ! En 1982, on estimait à 10 000 le nombre de producteurs bio en France. Aujourd'hui, vingt ans plus tard, nous en sommes à 11 640. Que s'est-il passé ?

En fait, tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont privilégié l'agriculture intensive. Un modèle qui a pour seul objectif de produire toujours plus. Et d'exporter le plus possible. Prenez les aides directes de la Politique agricole commune, la fameuse PAC. Elles sont calibrées en fonction des rendements. Un éleveur bio de vaches laitières touche donc moitié moins que son voisin qui fait dans l'élevage conventionnel. Le céréalier de la Beauce rafle 5 à 10 % de plus que son homologue qui fait tout pousser sans pesticides. Voilà qui suffît à décourager les vocations bio...

Pourquoi diable un agriculteur aurait-il envie de se convertir au bio ? Il voit ses rendements chuter de 50 %. Il doit alterner ses cultures en fonction des saisons, se contenter de substances minérales ou à base de plantes pour combattre les doryphores et autres nuisibles qui s'en prennent aux récoltes. Voire élever des coccinelles contre les pucerons ! Galère assurée, mais certitude de ne pas laisser comme ardoise aux générations futures des sols lessivés ou des nappes phréatiques plombées aux nitrates. Comme si cela ne suffisait pas, celui qui opte pour le bio a l'interdiction pendant deux ans au minimum de vendre ses produits sous l'étiquette Agriculture biologique le temps que les champs enchi-miqués se refassent une santé.

Afin qu'il reste cependant des candidats, l'Europe a prévu une aide à la conversion. Mais elle est faiblarde. En France, un cultivateur qui se met aux légumes bio plein champ empoche chaque année 350 euros par hectare d'aide à la conversion pendant 5 ans. Ensuite, c'est au bon vouloir des préfets de Région. Résultat : trois Régions seulement ont budgété une aide au maintien de 150 euros par hectare. La France a tout fait pour encourager le bio... elle a même doté son label Agriculture biologique du cahier des charges le plus exigeant d'Europe. Ce qui est insupportable, c'est qu'il existe une demande sociale immense et que l'offre agricole en France ne couvre même pas la moitié des besoins. Du coup, l'agriculture industrielle exporte, de l'autre l'agriculture bio importe.

Qui donc a intérêt à ce que le bio végète ? En France, la politique agricole est décidée par la FNSEA, qui est chez elle au ministère de l'Agriculture. Et le syndicat officiel ne veut pas entendre parler de la bio. Pour la productiviste FNSEA, en effet, un agriculteur bio, c'est presque à coup sûr un adhérent en moins. Les industriels de l'agroalimentaire voient eux aussi le bio d'un mauvais œil. Quand vous fabriquez du ketchup, les tomates de saison vous n'en avez rien à faire. Ce qu'il vous faut c'est des tomates tout au long de l'année et en grosse quantité. L'agro-industrie est une puissance colossale, qui investit maintenant dans les OGM ou les biocarburants. Dans la grande distribution, on ne se roule pas non plus par terre pour l'agriculture biologique. On lui préfère des fruits parfaitement calibrés, aux couleurs pétantes pour attirer le client, et qui repoussent toujours plus loin les dates de péremption. Enfin, et surtout, il y a l'industrie chimique. Le pire ennemi du bio. Celle qui vend aux agriculteurs 76 000 tonnes de pesticides et des montagnes d'engrais.

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